Je m’appelle Nathanaël Napoli, j’ai bientôt 50 ans. J’ai 5 enfants, je suis marié. J’ai plein d’activité en dehors du travail : tennis, piano, batterie. Nous sortons beaucoup au théâtre, c’est la vie de parisiens ! Je suis un Parisien pur, je suis né dans le 1er arrondissement et je suis dans le 6ème depuis 40 ans ! Un titi parisien avec des origines italiennes !
J’ai obtenu un bac général économique. Ensuite, j’ai fait une école de commerce en 4 ans puis j’ai travaillé avec mon père dans la restauration pendant 10 ans. J’ai, par la suite, eu l’opportunité de reprendre la droguerie Cherche Midi Couleurs en ayant la chance de rester dans le même quartier (entre le restaurant de mon père et la droguerie il y a à peine deux rues d’écart !). Je connaissais donc bien la clientèle. Finalement ces deux métiers se rejoignent un peu : être au service des gens, être utile. C’est être commerçant de quartier.
Cela fait maintenant 18 ans que j’ai racheté cette droguerie qui a plus de 100 ans d’existence. J’ai développé le service rendu dans le quartier. Après avoir repris la droguerie, j’ai repris un fonds de commerce sur le trottoir d’en face qui a accueilli le bricolage et j’ai fait pareil sur le même trottoir à droite avec un 3ème établissement spécialisé en arts de la table. Ces trois univers font finalement un véritable ensemble !
Aujourd’hui, j’ai donc un commerce en triangle : droguerie, bricolage et cuisine !
Evidemment à chaque fois que nous réussissons à trouver un local commercial qui convient, avec les bonnes conditions financières c’est extraordinaire !
Après c’est au quotidien que les souvenirs se créent ! Par exemple ici, quand les gens nous disent que c’est la caverne d’Alibaba et que c’est très important que nous y restions, nous nous rappelons alors pourquoi nous faisons ce métier et pourquoi nous sommes là. Quand les clients disent « ah ça me rappelle mon enfance », c’est très beau !
D’un point de vue professionnel il y a d’autres satisfactions, par exemple, quand nous avons vu partir Paulette à la retraite après 35 ans de travail ici ! De voir que les histoires peuvent être longues, c’est très enrichissant !
Et la vraie satisfaction c’est de voir que les gens reviennent, que les gens parlent de nous, nous le voyons, nous avons des messages sympas. C’est tout aussi important d’entretenir ce lien là aussi.
Il y en a beaucoup, comme dans beaucoup de métiers ! Déjà il ne faut pas compter ses heures. Nous sommes assujettis aux horaires d’ouverture, aux besoins des gens. Il faut être à la disposition des clients et il faut en tirer un certain bénéfice. Car si nous ne sommes pas bien en étant au service des gens, c’est compliqué. Il faut avoir un esprit commerçant mais qu’est-ce que c’est qu’un esprit commerçant finalement ? C’est autant humain que pécunier. Il faut savoir accueillir, il faut aimer être occupé.
Nous touchons à tellement d’univers, qu’il y a un nombre incroyables d’opportunités. Nous avons des petites surfaces (le plus souvent) donc il y a beaucoup de choses à aménager avec beaucoup de précisions, si nous aimons bien jouer au lego, à Tetris, là il y a de quoi faire ! Nous avons besoin de fidéliser les gens, avec le nombre de références qui peuvent être demandées, il faut du temps pour savoir fidéliser.
Aujourd’hui par exemple, j’aurais souhaité recruter des jeunes talents mais je n’ai pas pu car il n’y a pas cette prédisposition à travailler dans le long terme. Pour faire la transition avec la génération future, il faut des jeunes motivés. Nous avons un problème de formations aussi, de méthodes d’apprentissage, de cadre professionnel à donner aux salariés tant notre métier est vaste et large, mais il faut absolument que nous trouvions ! Par exemple, le CFA droguerie n’existe plus, il faut y remédier !*
*A ce sujet, la FFEF a lancé une étude en besoins de compétence en droguerie
Encore une fois, je suis satisfait quand je me rends compte que tous les gens du quartier sont satisfaits de notre présence. C’est très gratifiant. Le travail de fond est une satisfaction. Nous rendons service aux gens !
Une autre petite chose, c’est la transmission de génération en génération grâce à mon père. Son impulsion, je pense intérieurement que cela me fait du bien de savoir que j’ai réussi à la porter. Porter les mêmes valeurs de génération en génération.
Mon inspiration première serait que la motivation que j’ai au travail puisse déborder sur les autres, que cela continue durablement. L’entraide familiale aussi est une grande source d’inspiration.
Et puis, en ce moment, je me replonge dans le réaménagement du magasin et quand je commence à faire cela je ne peux plus m’arrêter ! C’est comme un petit retour aux sources. Nous travaillons beaucoup avec l’existant, réfléchir à l’aménagement du magasin, cela occupe bien l’esprit !
Comment il faut le souhaiter plutôt ? Il y a tellement de choses qui bougent en ce moment ! Porter le même service avec moins de difficultés peut-être ?
Nous avons l’impression que les différentes instances (par exemple la mairie de Paris) ont plutôt tendance à nous mettre des bâtons dans les roues, que nous n’avons pas demandé (circulation, Airbnb, travaux…) et qui sont plutôt désagréables. A l’avenir, il faudrait réussir à faire le même métier avec moins de contraintes donc plus de disponibilités pour le travail en lui-même. Il faut trouver une parade à tous ces phénomènes qui s’abattent sur nous. Il faut fédérer, trouver des gens sur qui compter, réfléchir et construire quelque chose ensemble.
Ce qui a le plus impacté mon métier, c’est le commerce en ligne je pense, la numérisation du back office également.
Il y a aussi la transformation démographique qui fait que notamment dans notre quartier et notre métier, notre clientèle de masse (la classe moyenne) a disparu. Il y a aussi les difficultés pour rentrer dans Paris en voiture donc nous avons perdu la clientèle de banlieue. Le Bon Marché (grand magasin) a beaucoup changé aussi, c’est la locomotive du quartier et c’est devenu très luxe. Tout cela a créé un tas de transformation de notre clientèle. Nous avons quand même la chance d’être dans un quartier ancien, bien installé donc nous avons aussi échappé à un certain nombre d’autres problématiques : par exemple, dans les villes moyennes, le droguiste a disparu avec l’arrivée des grandes surfaces.
Je crois que je suis allé à la FFEF de façon spontanée. Quand j’étais dans la restauration, déjà là, j’avais vu un très grand intérêt tant au niveau professionnel que personnel, de rendre service à un métier qui me rend service aussi, c’était essentiel de faire ce genre de chose, comme un devoir presque. Et je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout l’esprit général. Adhérer à la FFEF, c’est participer à la vie du secteur dans lequel je travaille. Pour moi c’est une sorte de protection et de devoir de participer à la vie de sa Fédération. C’est du bon sens.
Je suis donc aujourd’hui Membre du Bureau et même Président de la Branche de la Droguerie. Je suis très heureux d’accompagner Pascal Malhomme (Président de la FFEF) et toute l’équipe de la FFEF car tout est très sain et très sérieux et cela donne envie de s’investir ! Je suis disponible pour certains projets, les réunions, faire en sorte de faire venir d’autres personnes. Etoffer le Bureau Fédéral, aller chercher partout toute la force bienveillante qui voudrait apporter leur petite pierre à l’édifice. Rassembler les gens, échanger c’est très important. Avoir de la conviction pour avancer tous ensemble !